Alors que l’alimentation reste au cœur des préoccupations des Français, une réalité alarmante émerge : les consommateurs sous-estiment largement le coût réel de ce qu’ils mettent dans leur assiette. En 2025, après plusieurs années d’inflation fluctuant et de crises diverses, la tension sur le budget alimentaire des ménages s’accentue. Malgré une stabilisation des prix observée dans certaines grandes enseignes telles que Leclerc, Carrefour ou Intermarché, les consommateurs continuent à revoir à la baisse leurs dépenses alimentaires, souvent au détriment de la qualité et de la durabilité. Cette tendance pose d’importants défis économiques, sociaux et écologiques, notamment sur la rémunération des agriculteurs et la souveraineté alimentaire du pays. Antoine de Saint-Affrique, directeur général du géant Danone, souligne que les Français ne paient pas encore le juste prix de leur alimentation, phénomène qui risque de fragiliser toute la filière agroalimentaire française. Une prise de conscience s’impose pour réconcilier comportement d’achat, valeurs nutritives et impact environnemental dans un contexte où les grandes surfaces classiques côtoient de plus en plus Lidl, Aldi ou encore Monoprix.
Le véritable coût de l’alimentation en France : une réalité trop souvent occultée
Les consommateurs français font face à une dissonance entre ce qu’ils dépensent en magasin et les coûts réels associés à la production alimentaire. Cette problématique est d’autant plus ressentie dans l’air du temps, où les enseignes telles que Système U, Casino ou Franprix rivalisent d’offres promotionnelles rendant les produits attractifs au premier abord. Toutefois, ces prix cassés sont souvent des subventions déguisées qui portent un lourd tribut aux agriculteurs et au modèle durable de l’agriculture en France.
- Coût écologique caché : pollution, dégradation des sols et dépenses liées à la gestion des déchets.
- Coût social : conditions de travail dans les exploitations agricoles et agroalimentaires.
- Coût sanitaire : impacts résultant de la surconsommation d’aliments transformés ou de moindre qualité.
Ces facteurs combinés expliquent pourquoi l’industrie agroalimentaire pèse environ 19 milliards d’euros en coûts cachés pour la collectivité, un chiffre qui reste peu visible des consommateurs.
Effets sur le consommateur : sous-estimation et impact sur les habitudes alimentaires
La tendance au resserrement des budgets alimentaires conduit à une réduction significative des achats de viande et de poisson, tandis que la préférence se porte davantage sur les protéines végétales, les œufs ou les légumineuses. Selon les données récoltées en 2025 :
- 47 % des Français déclarent avoir modifié leurs habitudes alimentaires à cause de l’inflation.
- Les produits de première nécessité restent ciblés pour des économies, même dans les enseignes premium comme Monoprix.
- Le recours aux promotions de Lidl et Aldi s’intensifie, chimère pour certains d’accéder à une alimentation de qualité à moindre coût.
Cette évolution des comportements révèle également un décalage entre la nécessité de consommer responsable et la réalité économique des foyers.
Antoine de Saint-Affrique : un plaidoyer pour un modèle agroalimentaire plus juste et durable
Le directeur général de Danone, Antoine de Saint-Affrique, exprime clairement ses préoccupations lors d’une récente intervention sur Figaro TV. Selon lui, le modèle actuel où l’alimentation est traitée comme un simple produit d’appel est la source d’une instabilité profonde.
- Rémunération équitable des agriculteurs : Danone a mis en place des contrats à long terme pour soutenir financièrement les fermes et encourager les pratiques agricoles plus vertueuses.
- Un rôle social des entreprises : il insiste sur l’importance pour le secteur privé de s’impliquer dans le débat public afin de défendre la valeur réelle des produits.
- Pédagogie et dialogue : promouvoir un engagement collectif entre producteurs, distributeurs (Carrefour, Auchan, Franprix…) et consommateurs pour stabiliser la filière.
« Quand vous vendez une baguette à quelques centimes d’euros, vous créez un modèle destructeur », alerte-t-il, rappelant les risques liés à cette stratégie pour la souveraineté alimentaire nationale.
Les grands distributeurs face au défi d’une juste tarification alimentaire
Pour les géants de la grande distribution, ajuster les prix pour refléter le vrai coût des produits représente un défi commercial et éthique majeur.
- Leclerc, Carrefour, Auchan : tentent d’équilibrer attractivité prix et soutien aux filières locales.
- Lidl et Aldi : champions des prix bas, sont scrutés pour leurs impacts sur la rémunération des producteurs.
- Intermarché et Système U : développent de plus en plus des gammes « responsables » pour toucher un public conscient.
- Casino et Franprix : s’engagent à renforcer la traçabilité et la transparence sur l’origine des produits.
Ces évolutions montrent une volonté collective difficile à mettre en œuvre mais essentielle pour garantir la pérennité du système alimentaire.